Allaiter, c’est beau. C’est doux. C’est naturel.
C’est aussi parfois douloureux, fragile, épuisant.
Et pourtant… j’y suis revenue. Deux fois.
Parce que malgré les douleurs, les doutes, les nuits sans sommeil, il y a de la joie. Une joie imparfaite, mais une joie immense quand même. N’est ce pas le sens même de la vie, d’ailleurs?
Si tu es en train d’allaiter, ou si tu te demandes si ça vaut la peine de tenir bon…
Cet article est pour toi. Ce n’est pas un mode d’emploi. C’est un témoignage brut, imparfait, de celle qui a failli lâcher à maintes reprises, puis souri dans le noir, un bébé au sein.
Pourquoi la joie d’allaiter est souvent invisible ?
Quand on parle d’allaitement, on parle beaucoup de technique.
De positions, de montée de lait, de confusion sein-tétine, de freins de langue, de pics de croissance…
Mais on oublie trop souvent la joie, le plaisir.
Pas la joie Instagram. Pas la joie photoshopée avec une maman maquillée dans un champ de fleurs.
La vraie joie. Celle qui :
- surgit quand ton bébé s’apaise instantanément contre toi,
- s’installe dans ce regard qu’il te lance, connecté au plus profond de toi,
- grandit quand tu vois qu’il prend du poids, qu’il est en bonne santé, grâce à toi !
- se révèle magique quand tu guéris un bobo avec une simple tétée.
Mais cette joie est souvent cachée par :
- les douleurs du début,
- les injonctions extérieures (“Tu vas encore l’allaiter longtemps ?”),
- la fatigue,
- la solitude.
Elle se mérite. Elle se construit. Elle n’est jamais parfaite. Et c’est justement ce qui la rend précieuse.
Ma propre histoire d’allaitement (et pourquoi j’ai tenu bon)
🌸 Mon premier allaitement : Andrea
Avec mon fils Andrea, les débuts ont été hards.
Des douleurs intenses pendant un mois. Je transpirais jusqu’aux pieds de douleur dès qu’il me prenait le sein. L’envie de tout arrêter me venait parfois à l’esprit mais j’ai tenu bon.
Car je savais pourquoi je voulais allaiter. Et je pense sincèrement que cela fait toute la différence.
Pourquoi ? Parce que j’avais un objectif très fort : j’avais eu un diabète gestationnel insulino-dépendant, je culpabilisais de lui transmettre un terrain propice au diabète de type 2.
L’allaitement, je le voyais comme une réparation, un cadeau de santé que je pouvais lui faire.
Et puis, j’avais une amie qui m’avait dit un jour :
“L’allaitement, au début c’est dur, mais après… c’est que du bonheur.”
Je voulais connaître ce “bonheur”. Je voulais le vivre. Découvrir cette fameuse joie d’allaiter !
Alors j’ai tenu. J’ai cherché à savoir pourquoi j’avais mal : les positions étaient ok, il prenait de mieux en mieux le sein, il a rectifié sa succion qui n’était pas top au départ, on a vu le frein de langue…
Un jour, mon gynéco m’a aidée à comprendre :
« Pincez votre bras : ça fait mal ? C’est normal, la peau n’est pas habituée. Pour vos seins, c’est pareil ! »
Cela a été libérateur ! Et quelques jours après, la douleur est partie. Et j’ai pu connaître le plaisir d’une tétée, le bébé apaisé et connecté, les yeux fermés, serein, moi shootée à l’ocytocine, sans douleurs… un moment sans prix.
Des défis subsistants
Mais comme une réparation d’un accouchement un peu particulier, une venue au monde un peu forcée par un déclenchement, Andrea est resté très attaché au sein, au point de vouloir difficilement le lâcher, ce qui lui a valu le surnom de serial téteur : accroché au sein jour et nuit !
Les nuits étaient difficiles : seul l’allaitement lui permettait de s’endormir sereinement.
Tout était sur mes épaules, dès qu’il se réveillait, il fallait le sein pour le rendormir. Je servais de tétine ambulante…
Il a fait ses nuits que très tard donc c’était épuisant pour moi, oppressant même. J’ai souhaité plusieurs fois arrêter, cela m’a valu des poussées d’eczéma tant cette décision était difficile.
Au bout de deux ans et demi, il a changé sa manière de téter et me mordait à chaque fois. Je le stoppais afin qu’il s’arrête. Cela a valu plusieurs crises de pleurs mais je ne souhaitais pas continuer s’il me mordait. Et petit à petit, il s’est détaché.
Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que j’étais enceinte de ma fille et que le goût du lait a dû changer pour lui. Je n’ai pas su quand était la dernière tétée, c’est peut être mieux ainsi !
🌸 Ma deuxième fois : Liv
Avec ma fille Liv, ça a été différent. J’étais préparée. Forte de mes deux ans et demi d’expérience avec Andrea.
Il a tout de même fallu ajuster, comprendre, être patiente parfois.
Et surtout, trouver de la place pour l’allaitement dans une vie déjà bien remplie.
Mais cette fois-ci, je savais où chercher la joie. Je savais qu’elle était là, dans les petites choses :
- Dans le regard qu’elle me lance, tout contre moi.
- Dans ce silence suspendu pendant la tétée, comme une bulle hors du temps.
- Dans cette sensation de puissance douce : je nourris, je console, je soigne. Je suis sa maison.
C’est un allaitement différent, j’ai plus d’expérience pour savoir ce que je veux et ce que je ne veux plus. Je connais les pathologies et je peux les anticiper. Et pour l’instant, je ne suis pas prête d’arrêter, on est en pleine symbiose, la joie d’allaiter est bien là…on va bientôt fêter les deux ans : la tétée d’émeraude.
Et si tu choisissais de savourer la joie d’allaiter, même quand c’est imparfait ?
Je sais la chance que j’ai de vivre ces moments-là.
Notre vie est fragile. Elle peut s’arrêter du jour au lendemain.
Alors je savoure. Vraiment.
Chaque tétée est un lien. Un lien indéfectible. Un soin invisible.
Et même quand c’est bancal, c’est sacré. Chaque jour est un pas de plus, une goutte d’or blanc pour ton bébé.
Si toi aussi tu es dans une période difficile…
Si tu doutes…
Si tu pleures…
Sache que tu n’as pas besoin que ce soit parfait pour que ce soit beau.
Tu peux trouver la joie dans les miettes, dans les replis, dans les imperfections.
Et si tu veux, un jour, tu te retourneras et tu te diras :
« C’était dur… mais c’était magnifique. »
Conclusion
Allaiter, c’est plus qu’un choix. C’est une aventure. Une traversée.
Ce n’est jamais tout rose. Mais c’est rempli de moments magnifiques, souvent invisibles pour les autres.
Je parle souvent de mon expérience d’expatriation en Suède comme l’une des meilleures expériences de ma vie alors que, paradoxalement, ce ne sont pas les moments où j’ai été la plus heureuse. Je pense que l’allaitement, c’est pareil. Cela fait énormément grandir et c’est un booster de confiance en soi.
Et toi, future maman, jeune maman, mère épuisée ou mère comblée…
tu as le droit de trouver ta propre joie d’allaiter.
Même si ce n’est pas parfait.
Surtout si ce n’est pas parfait.
Cet article fait partie de l’événement “Je choisis la joie, même quand c’est imparfait” organisé par Ana, du site Origami Mama. Elle aide les mamans à retrouver leur voix et leur voie, et à vivre une vie qui leur ressemble. J’apprécie beaucoup son site, nous sommes sur la même longueur d’onde elle et moi ! En parlant d’onde, elle parle ici de la loi de l’attraction, un principe auquel je crois beaucoup et je vous invite à lire cet article.
Merci pour ton récit personnel qui était très touchant. Je n’ai malheureusement pas la chance de pouvoir avoir un enfant, mais j’aurai allaité si ca avait été le cas, parce que c’est un acte d’amour et je sais que les enfants sont moins malade durant leur vie si ils ont eu la chance d’être allaité.
Exact, les bienfaits de l’allaitement sont multiples donc si on peut allaiter et que l’on en ressent l’envie, il ne faut pas hésiter !
Super message réconfortant pour toutes les nouvelles mamans qui découvrent l’allaitement !
Ce 1er allaitement n’a pas été facile mais comme tu le dis, tu savais pour quoi tu le faisais.
Quand j’ai eu ma fille ainée, c’est pareil. Au début, déjà, je ne savais pas comment faire. Heureusement que l’infirmière m’a montré la technique. Et oui, ce n’est pas très agréable, les premiers temps. Mais comme toi, pour des raisons de santé (le lait maternel protège des maladies), j’ai tenu bon. Et au final, c’est devenu un vrai plaisir de donner le sein… et c’était même vital quand ils étaient gorgés de lait ! 🙂
Pour la deuxième, 2 ans plus tard, l’expérience aidant, c’est vrai que l’expérience a été différente.
Bon courage… et plein de joie aux mamans qui allaitent !
Merci pour ton témoignage Patricia. L’accompagnement par un professionnel est pour moi essentiel pour être sûre de mettre toutes les chances de son coté pour réussi son allaitement et ne pas avoir de regret, tout le monde y sera gagnant, surtout notre enfant !
Merci Marina pour ton témoignage tellement vrai et authentique. L’allaitement, c’est une véritable aventure !
Mes 2 filles sont aussi des serial téteuses. Ma grande a fêté son enterrement de vie de téteur à 5 ans, en juin dernier, mais elle continue de faire des « rechutes » avec de gros bobos ! 🙂 Et sa petite soeur de 3 ans et demi suit aussi son petit bonhomme de chemin, avec tellement de joie de retrouver le sein de maman qui sent si bon ! Elle leur dit même « je t’aime » xD
Allaiter, c’est à la fois éprouvant, parfois difficile et douloureux, mais aussi drôle, magique, surprenant. Et joyeux, bien évidemment !
Bravo pour ce fabuleux cadeau que tu leur offre, même si parfois c’est dur, on se souviendra que des bons moments et pour leur santé, c’est vraiment le mieux que l’on puisse faire, du moment qu’on en a envie !